1994

Une mission américaine à Haïti Avec la fin du mois, l'échéancier initialement prévu par l'ONU dans le cadre de l'UNOSOM, cette mission humanitaire lancée pour implanter l'impact de l'opération <> en Somalie, - opération dont les objectifs pouvaient des fois paraître improvisés à mesure - venait à son terme. Bilan: 18,000 casques bleus, dont la moitié à Mogadiscio, où ils assistent avec impuissance à la reprise des affrontements interclaniques, ceux qui avaient rendu la situation nationale intolérable il y a quelques années, poussant la communauté internationale - dirigée par les États-Unis - à intervenir directement. <> s'était-on posé à l'époque, était-ce un intérêt pétrolier, si près du Golfe? Était-il question tout juste d'éviter la Yougoslavie, dont les remous devenaient de plus en plus embarrassants? Ou était-il alors tout juste question de prendre l'initiative, en principe, la moins difficile <> tout en regagnant la confiance internationale, dans un effort humanitaire partagé par une coalition d'intervenants, sous le sigle de l'ONU? Ces question, ces optiques, deviennent pertinentes en ce début d'octobre 1994, une dizaine de jours après l'arrivée des Marines à Haïti, que la diplomatie de dernière minute de Jimmy Carter (mais au coût de quelles concessions?) a su rendre la plus paisible, et la moins boulversante. Mais déjà la tension monte, notamment lorsque les objectifs de l'armée américaine ne semblent pas satisfaire les exigences de la population locale qui, comme en Somalie au tout début, acclamait l'arrivée des Yankees chaleureusement. Parfois, l'impuissance des soldats américains (qui ont <>, autres que patrouiller les villes principales), notamment lors d'incidents violents entre supporters de Jean-Bertrand Aristide et ceux de Raoul Cédras, ternit considérablement l'initiative de l'ancien président américain. Médiateur-clé dans les pourparlers pour la paix entre l'Égypte et Israël en 1979 (menant initialement à une division profonde dans le monde arabe, puis, avec le temps, redonnant au Caire une place centrale dans les toutes récentes négociations de paix dans la région). Carter négociait plus récem- ment au sein de la crise coréenne, qui aura évité une tournure au désastre en plein été, mais qui reste encore considérablement tendue (étant donné le refus nord-coréen de permettre l'accès de ses sites les plus controversés à une équipe d'observateurs des Nations Unies). En tout, c'est un bilan partagé qu'accuse l'ancien président Jimmy Carter. Plusieurs magazines résu maient d'ailleurs sa fiche dans des termes plus ou moins péjoratifs cette semaine, mais Carter est tout de même resté très actif après son mandat (qui s'est d'ailleurs achevé dans la controverse, on l'aura su plusieurs années plus tard, sur la question de la libération des otages en Iran, possiblement retenue jusqu'à l'arrivée de Reagan au pouvoir), poursuivant une <> (selon le TIME) des droits de l'homme initiée pendant son reigne à la tête du pays le plus puissant de la planête. Son implication en Haïti, après les loyaux services rendus à la nation en atténuant la crise de Corée cet été, revêt possiblement un caractère très personnel, puisque l'ancien président avait surveillé la tenue de l'élection qui, en 1990, avait brièvement mené Aristide au pouvoir. Celui-ci fut ensuite renversé par l'homme chargé d'assurer la sécurité publique lors du scrutin, Raoul Cédras, moins d'un an plus tard. . Il y en a pour qui la fin du terme fantôme d'Aristide, qui s'est promis de ne pas faire campagne si une élection a lieu l'an prochain, a joué un rôle non-négligeable dans le choix d'intervention américain, mais celle-ci était vite devenue imminente et inévitable, coûte que coûte, dans cette région déclarée primordiale pour les intérêts américains depuis le début du dix-neuvième siècle. Maintenant la question devient (déjà) celle du retrait, du relai des forces de l'ONU (dont le Canada, chargé, par Neil Pouliot vétéran de la GRC, d'organiser la police haitienne), chose qui se déroulait ordinairement de manière moins glorieuse dans le passé. Il n'y a rien qu'à citer M. Boutros-Boutros Ghali sur la situation en Somalie: <> L'amnistie possible de cette junte haïtienne responsable des pires atrocités, et aussi, le refus d'isoler les haut-placés du régime sanguinaire - par l'exil entre autre - ne risquent-ils pas, étant donné la persistance des opinions fort défavorables au retour d'Aristide, d'envenimer la situation à la longue? de rendre la survie de la mission de l'ONU impossible, et de revenir au lendemain de l'entente de Governors Island en 1993: le statut quo et l'échec résultant de la naïveté américaine? Comme l'ont appris plusieurs supporters d'Aristide cette semaine, les Américains sont en contrôle de la sécurité jusqu'à un certain point, comme ils l'étaient lors de leur occupation de l'île au début du siècle; une intervention qui devait mettre fin à une période de quatre ans marquée par trois assassinats et trois autres renversements de présidents, mais qui s'est soldée par l'aliénation de la population locale (étant donné la brutalité des méthodes employées pour combattre une résistance locale farouche et fleurissante). Quelques soient les motivations de l'intervention américaine - la peur d'une vague d'immigrants (après la crise de Cuba, qui aura donné une voix, presque un droit de veto, à la Floride), ou le besoin de remettre la politique étrangère américaine sur pied (l'intervention dans les années 1990 n'est d'ailleurs plus unilatérale mais recquiert un autre genre de leadership, vu le besoin de regroupement de coalition) - elle devra se faire avec beaucoup de précautions, faute de quoi la foudre pourrait frapper de toutes parts. Côté domestique, à la veille des élections du Congrès, on n'a pas à se rappeler que si l'intervention s'est faite avec l' approbation de l'ONU, elle ne s'est pas faite avec le feu vert spécifique du Congrès. . D'autre part, l'ami Eltsine, en visite à Washington récemment, et bousculé quelque peu par ces évènements, n'aurait pas de difficulté à déceler des élements-clé qu'il appliquerait à toute politique vis à vis le <>. Le Parti Québécois élu Or il ne faut pas que celle-ci devienne la seule bataille au pays, diront les premier-ministres de l'ouest, qui ont accueilli la victoire mitigée du Parti Québécois avec le plus grand calme. Tout comme le 28ème dirigeant de la province d'ailleurs, le sortant, Daniel Johnson (un autre, après Kim Campbell l'an dernier et Parizeau dans le passé, qui a hérité d'un parti traînant une fiche boîteuse), qui prenait presque des allures de conquérant. En effet, comme le rapportait Bernard Derome, le discours de la défaite comportait des traces de <>. Dans le camp du Parti Québécois, autant dire que cette victoire, parfois vendue au titre de <> (pour ne pas dire <>?), sur le chemin de la souveraineté, a été avalée moins facilement qu'un bon whiskey (que Parizeau préfère anglais). De quoi sans doute expliquer le silence épais du camp vainqueur le lendemain du vote. Même les médias qui s'étaient rangés dans le bleu lors de la campagne prétendaient que la marge de victoire (0,4%, l'écart le plus sérré de l'histoire du Québec, soit environ 15,000 voix...) n'était pas suffisante pour que le PQ formalise sa déclaration solennelle de volonté d'accès à la souveraineté; la province ne lui a pas confié ce mandat, selon plusieurs analystes <>. Jacques Parizeau avait beau pousser l'engagement souverainiste plus loin et clairement que Lévesque (qu'il avait délaissé après le référendum de 1980, celui-ci ayant pris un ton trop conciliant pour les papilles gustatives du fils de Gérard, petit-fils de Telesphore) dans le passé, dans une campagne coupée carrée (Johnson s'étant déclaré le fédéraliste que s'est nié Bourassa), il ne se retrouvait pas plus avancé au châpitre du support souverainiste (40%, comme en 1980), après avoir arraché une victoire moins éblouissante que celle de 1989, malgré ses 5 points de pourcentage additionnels. Évidemment, là où changent les choses (au point de parler d'un gouvernment <> selon Le Devoir), c'est sur le tableau des sièges de l'Assemblée Nationale, où le système électoral prévoit 77 des 125 sièges au PQ, ce que Le Monde a appelé <> électorale. Autant dire que même à Québec, les "politologues" parlaient d'une nécessaire réforme du système électoral, condamnant la formule actuelle par de termes très similaires. (41% des votes n'avaient-ils pas suffi à l'Union Nationale pour récolter 56 sièges contre 50 en 1966?) Dans le reste du pays, le mot d'ordre était que ces <> que sont les Québécois avaient - à défaut d'avoir fait autre chose qu'équilibrer la voix <> envoyée à Ottawa l'an dernier (mot de Parizeau lors de son discours de soir d'élections) au niveau provincial - ponctué un message clair à Parizeau sur les conditions (à saveur fédéraliste?) de son mandat. Celui-ci devait garantir un bon gouvernement avant tout (chose qui, selon Jean Chrétien, devrait assurer sa participation aux conférences des premiers ministres du pays, que Parizeau s'est juré de bouder faute d'exception), mais est-ce chose possible pour les dix premiers mois, dans le sprint référendaire promis depuis le tout début de la campagne, et qu'encourage à présent Johnson et autres fédéralistes avec un ton de dérision et de vengeance? Pragmatiques plutôt qu'idéalistes, à moins de facteurs extraordinaires (comme un vent de haine venant de l'ouest), les Québécois iraient sans doute au bureau de vote le jour du référendum en pensant voter, non seulement sur la concrétisation d'un <> (que les fédéralistes qualifient souvent d'utopiste), mais pour élire un gouvernement assez apte d'éviter que rêve vire en cauchemar. Faute de temps, il y aura des promesses. De son côté, le fédéralisme n'a qu'à bien se tenir également, puisque Parizeau verrait dans ses moindres défauts, ses plus banales impasses, des arguments de fer qu'il tiendrait dans une poignée d'or. Dans une certaine mesure, il devient ce que le Réform promettait de devenir l'automne dernier, soit la bonne conscience du parlement... Parizeau est passé de chef d'opposition au Québec, à chef d'opposition de Sa Majesté la reine; on peut entrevoir une nouvelle perplexité dans les relations avec le BQ. Mais comme a fini par l'admettre Lucien Bouchard, il faudra bien se préoccuper de questions autres que constitutionnelles dans les mois à venir (celui-ci promettait, le soir du vote, de toujours représenter les intérêts du pays entier, dans son rôle de chef de l'opposition à Ottawa). Il faut bien que si la bataille devient en effet nationale (comment expliquer le commentaire immédiat de Manning après le vote autrement?), elle ne soit pas seule à monopoliser la scène politique au Canada. O.J. Simpson on the run Shock, disbelief and early denial hopefully explain the chants of "O.J.! O.J.!" cried by the public as former football star and recent TV announcer O.J. Simpson was arrested, after initially refusing to turn himself in as agreed, in the case for the double-murder of his former wife Nicole Simpson, and Ronald Goldman, outside her L.A. apartment. The evidence in the case pointing overwhelminingly against O.J., one can only hope that fan support would not translate into mayhem in the event that the football legend be found guilty, something he pleaded negatively in his arraignment last week. Doing so, and extending the proceeding - one in which the prosecution says it has more than enough evidence to show O.J.'s irrefutable guilt - could mean the death penalty by lethal injection under California law if Simpson is found guilty of double murder, the first making the second possible. The controversy has caused many topical issues to surface and once more face scrutiny: from racial issues related to the ordeals of previous Black American sports stars, to criticism on star status and media coverage, to the condemnation of wife battering. Two of them were particularly singled out in the end of the week, as Simpson's defense claimed a first victory by having the grand jury assigned to investigate the case dismissed on the grounds that it had been tainted by massive pre-trial publicity, which represented the downside of star status. Simpson's fame as a pro athlete was earlier said to have benefited him since he was quickly released after his initial arrest following his precipitated return home, on hearing about the murder. Many argued the liberty he was then permitted was the mark of privileges which later enabled O.J. to temporarily escape the hands of police once charges were officially pressed against him in the murder of Nicole and her friend Ronald Goldman. Star status may in the end spare his life in the event of his conviction for the killings, then again it may not. Le Canada champion du monde Un renouveau en explique peut-être un autre sur la scène du hockey international, fortement imprégnée par la ligue nationale nord-américaine. Rien ne vaut des fois le spectacle étonnant de la rencontre de plusieurs étoiles de la ligue nationale dans des camps différents, mêlés àdes jeunes en pleine évolution, arborant les couleurs nationales. part peut-être l'hymne national canadien au terme d'une finale, un spectacle qui avait, depuis 1961, échappé àtoute une génération de jeunes joueurs. Même Gretsky, Lemieux et Lindros, qui n'ont pas daigné se présenter en Italie pour ce qui allait tout simplement devenir un tournoi historique. Ce n'était pas la première fois ces dernières anneés que la Russie (que l'on estime s'être fait prendre au jeu du plus faible en première ronde) n'allait pas en finale, ni la première fois que le Canada partait en véritable lion, avec une fiche parfaite. Aussi les Scandinaves figuraient-ils depuis quelques temps déjà parmi les puissances du sport international. Il ne fallait alors plus remonter 33 ans en arrière pour se motiver, mais tout juste quelques mois, àla finale des Jeux olympiques, où le Canada - auquel on prédisait une bien médiocre place encore - tombait dans la fusillade suédoise. De peu. Un revers regrettable après la victoire aux championnats juniors en début d'année, qui devenait de plus en plus isolé après une autre victoire"nationale", celle de l'équipe féminine aux championnats de Lake Placid. Cette fois c'est en Italie que les Américains pouvaient bien rêver - gardant un très bon souvenir du miracle de 1980 -, après leur surprenante victoire contre la Russie en phase éliminatoire. Mais en revanche ils ne furent qu'une bouchée pour la Finlande (8-0), que le Canada - à peine rancunier dans sa victoire contre la Suède en semi-finale (7-0) de son côté -, allait rencontrer dans l'ultime match du championnat du monde. Kurri, Koivu, Makela et cie se sont très bien mesurés àRobitaille, Shanahan, Sakic... et le jeune Paul Karija frais du succès junior. Sans parler de Bill Ranford; ses quatre arrêts lors de la fusillade, signaient un gain de 2-1 inoubliable. <> s'exclamait un des joueurs. C'est en effet toute une consolation pour des athlètes chassés de la course au championnat de la ligue nationale qui ont décidé de braver quelques derniers matches avec un minimum de préparation. Le message était simple: nous n'avons plus rien à prouver, le sport nous appartient, imaginez la Coupe Canada! En fait on n'entend plus tellement parler du tournoi qui honorait notre équipe nationale (dans n'importe quel sport) avec la plus grande régularité. Le reporter du Globe & Mail Mary Jollimore se penchait justement sur la question du manque de succès des équipes nationales depuis un certain temps: le meilleur classement des équipes féminines de volleyball olympique était 8ème en 1976 et 1984, soulève-t-elle, faisant remarquer qu'en tant qu'hôte des Jeux de 1976 les équipes sportives étaient automatiquement qualifiées, ce qui fut loin d'être le cas en 1988 et en 1992 (sans oublier le boycott de 1980 et 1984). Doit-on ces échecs àl'agence amateure nationale?Le nouveau port du flambeau nous permet peut-être de laisser cette question àplus tard et de profiter d'un regain de confiance temporaire. Peut-être le devons-nous àun boulversement tout aussi étonnant dans la ligue nationale de hockey; où toutes les équipes championnes depuis 1972 ont été éliminées en première ronde... Afrique du sud: demain la reprise Après le clivage Est-Ouest on en revient au Nord-Sud. Enfin, c'est une une manière d'entrevoir la question. Comme l'actualité internationale a eu l'occasion de le démontrer au cours des dernières semaines, sinon des derniers mois, l'Afrique du sud n'est pas nécessairement le pays le plus misérable de tout le continent. On peut même prétendre qu'il s'est bien débrouillé malgré avoir subi une récession de cinq ans, sans compter les sanctions internationales, stoppées que l'an dernier. Les Afrikaners prétendront sans doute que ce potentiel économique n'aurait jamais existé sans le contrôle des Blancs, tout en promettant rien de moins qu'une catastrophe apocalyptique après les élections de cette semaine, et l'accession de Nelson Mandela sur le thrône d'un pouvoir longtemps recherché. Voilà qui est sans doute de trop. Mais de son côté le dirigeant de l'ANC Nelson Mandela reconaissait qu'il avait toute une campagne devant lui, malgré la garantie que lui confiaient les sondages sur son élection à la présidence. D'un côté il devait prévenir à ses partisans et autres confrères, que l'accession au pouvoir ne signifiait ni maison ni emploi du jour au lendemain, ni même avant plusieurs années. Ensuite il devait rassurer les Blancs, tentant de faire porter sa voix au-dessus des explosions des attentats d'intimidation extrémistes à la veille du scrutin, qu'ils ne feraient pas l'objet d'une chasse aux sorcières, ou d'un nettoyage comme on a pu en observer en Bosnie ou au Rwanda. L'argument est à la fois économique et politique, puisque 30,000 Blancs ont quitté le pays l'an dernier, représentant à la fois une certaine fuite de cer- veaux techniques et politiques. Les élections en tant que telles ne signifient que le début d'une période de transition où restera bien représentée la population blanche, dont les mieux instruits se feront le devoir d'enseigner l'art de la gouvernance en attendant les élections "totales" en 1999. Non pas que celles-ci soient moins chargées qu'un vote ordinaire: en plus d'y élire le gouvernement, la population va mettre en place neuf nouveaux parlements régionaux, ajoutant au nouveau drapeau la nouvelle carte géopolitique du pays. Les deux partagent quelque-chose en commun, tout comme la dualité de l'ancien et du nouvel hymne national lors des cérémonies officielles: une réelle volonté d'accomodation nationale, un désir de représenter la diversité du pays, tout en faisant primer l'idéal sud-africain, un fédéralisme nécessaire pour l'amour de la paix. Il s'agit plus qu'une représentation non-mixte de la population sud-africaine: le parlement d'Apartheid prévoyait bien la représentation des Blancs, Indiens et Noirs, bien que dans leurs chambres, non-mixtes, séparées. Le nouvel idéal de réconciliation fut clairement exprimé dans la décision de 11ième heure de Mangosuthu Buthelezi de rejoindre le processus élecotal et de placer son parti Inkhata sur la liste de scrutin de vote. Bien que le chef zoulou soit de nature moins chaud à l'idéal pan-tribal exhorté par son rival Mandela, puisqu'il cherchait jusqu'à tout récemment la sécession zouloue avec toute nouvelle Afrique du sud. Reste à voir si ce rêve a réellement été abandonné, reste à voir les réactions face au vote, dont le déroulement ne s'est pas exactement effectué sans accrocs. Ceux-ci se doivent principalement au geste tardif (<> diront certains) du chef représentant la plus importante communauté au pays. Si M. Buthelezi a voulu retenir sa participation jusqu'à la dernière minute pour en faire un geste symbolique, c'est bien tout ce qu'il risque d'en tirer, étant donné les difficultés matérielles de faire figurer son nom sur tous les billets de vote au pays (faut-il rappeler que les partis de Mandela, de Klerk et Buthelezi sont loins d'être les seuls à participer à cette élection historique...) Ensuite la possibilité de mobiliser une population entière, qui jusqu'à tout récemment était tout simplement exclue du processus électoral, relève d'une difficulté encore moins concevable. La menace de Buthelezi de se retirer de l'élection en cours à moins de mesures techniques d'urgence, et d'une étendue de la période de vote (ce qu'il a effectivement obtenu, dans les deux cas) soulignait sans doute une préparation hâtive à la défaite, comme l'entrevoyait Le Monde, alors que le reste du pays se préparait au lendemain du scrutin, dont les résultats devraient commencer à paraître samedi. Les plus pessimistes prévoient un lendemain similaire à celui des décolonisations d'après-guerre, notamment le cas de l'Angola et du Mozambique, où l'accès à l'indépendance s'est vite traduit en explosion civile faisant des dizaines de milliers de morts. Ils n'auraient qu'à souligner les 13,000 morts depuis la légalisation de l'ANC il y a quatre ans, et le fait que les conflits entre Noirs (notamment entre zoulous et sympathisants de l'ANC) ont fait beaucoup plus de victimes dans les dernières années que les conflits proprement inter-raciaux, entre Blancs et Noirs. Mais les leçons des cataclysmes du passé, et le succès de la transition en Namibie voisine vers l'indépendance pouraient éviter la concrétisation d'un tel scénario. en effet la sécession de l'ancienne portion occidentale du pays, et la tenue des élections en Namibie il y a quelques années s'est faite dans un certain calme, sous l'oeil attentif de l'ONU. Les conditions sociales et économiques ne sont certes pas encore idéales mais font preuve d'un progrès relatif, ainsi que les relations entre Blancs et Noirs dans l'ancienne Afrique du Sud-ouest. De plus le parti qui risque de se retrouver au pouvoir en Afrique du sud la semaine prochaine est le reflet d'une certiane tolérance et recherche de la diversité: le Congrès National Africain est certes dominé par la tribu Xhosa (à laquelle appartient Mandela), mais regroupe un certain mélange ethnique comprenant une part non-négligeable de Twanas. Cette diversité a malheureusement été l'objet d'un bien macabre exposé plus tôt dans la semaine, alors qu'une voiture piégée emportait la vie de neuf personnes, dont une candidate blanche de l'ANC, Susan Keane. C'est un mélange que ne pouvait évidemment pas accepter les extrémistes Afrikaners soupçonnés de l'attentat (ainsi que celui de l'aéroport de Johannesbourg quelques jours plus tard). Les interrogations sur le lendemain sud-africain sont également économiques, si l'on revient à l'argument du potentiel du pays d'Afrique noire le plus avancé. C'est un potentiel que ne nient pas les 22 firmes américaines qui se sont implantées au pays au cours des deux dernières années. Ni les grandes compagnies automobiles japonaises, qui réussiront sans doute à semer la pagaille parmi les sept constructeurs automobiles au pays (on y compte également les seules usines de BMW et Mercedes en dehors de l'Allemagne). La compétition est d'ailleurs ce à quoi devra se faire l'Afrique du sud avant toute chose. Son économie dirigiste, isolée du reste du monde pendant tant d'années, affichait des tendances hautement protectionnistes et cartelliennes (6 conglomérats regroupant 80% des actions de la bourse). De nombreux économistes et investisseurs doutent d'ailleurs profondément de la volonté d'ouverture des prochains dirigeants, soulignant leur penchant marxiste, et le fait que jusqu'à tout récemment le modèle de développement auprès des économistes de l'ANC était l'Allemagne... de l'est! La rhétorique de gauche de l'ANC semble cependant s'être estompée au courant de la campagne, puisqu'on l'explique désormais comme étant une simple tentative d'établir un équilibre avec les fortes poussées capitalistes du renouveau. Le nouveau modèle économique serait donc, la Corée du sud! Quoi qu'il advienne de ce but à long terme, le court terme ne prévoit pas moins qu'une imposante liste de transformations, que le nouveau gouvernement se donne jusqu'aux prochaines élections pour concrétiser: la construction d'un million de logements, fournir de l'eau potable à 12 millions de Noirs et l'électricité à 75% de la population, sans parler de rattraper la scolarisation de la <> de l'Apatheid et de fournir des emplois à une population souffrant d'un taux de 49% de chômage! Son meilleur allié dans cet effort pourrait s'avérer la reprise du cycle de la croissance en Afrique du sud après des décennies de déclin (depuis 1970 jusqu'à la stagnation des dernières années), ainsi que de meilleures récoltes (après les sécheresses récentes), qui font déjà des produits agricoles exportés un des moteurs de la reprise. The UN in Rwanda: from injury to insult The message couldn't have been any more blunt: U.N. soldiers tearing their blue-berets in disgust with their military knives; Belgian soldiers lamenting their helplessness in the face of the Rwandan massacre opposing Tutsi and Hutu tribes; much of the same from the Bosnian front, where U.N. soldiers under orders to airlift their men in Gorazde weren't able to save a few Muslim children from being cut down by gunfire on the scene. Just when the United Nation's mandate seemed the most confusing it became simply insulting. The United States' (and now other countries') plans to allow Bosnian Muslims to arms themselves "to at least give them a chance" by limiting sanctions against Bosnia, is further testimony of the West's failure to bring any serious relief in the Balkan crisis, one in which the Serbs are learning the tricks of forcing the U.N. into roles it is ill-equipped to handle. And one where they never fail to take their pseudo-neutral negotiating counterparts literally, first by responding to the green light translated from "Conditions in Gorazde do not led themselves to the use of air power", then by undermining the aerial threat by shooting a NATO plane down, and finally reacting to the call for widening the scope of NATO air strikes over all safe havens, by looking at other strategic targets not meeting the description. This latest proposition however, to supply safe heavens in Bosnia with the same security guaranteed (...) in Sarajevo, is a first sign that the U.N. is considering the full scale of its humanitarian mandate, and going beyond caring for the security of its own personnel. In addition to the ex-Yugoslav scenario, the Rwadan one also stirred a certain outrage after hundreds of U.N. soldiers who had been stationed in the African country to monitor a 1993 peace deal in the civil war there, were moved out of the country, along with most of the remaining white population. The new serie of killings, which has claimed an unprecedented 100,000 lives in the last weeks alone (half of the Bosnian count... of two years), was sparked by unrest after a plane was shot down on April 6th, containing both the Rwandan and Burundian presidents, fireballing the peace agreement. Meanwhile there are growing fears that the same rivalry (where this time Tutsy tribesmen would be in large enough number to inflict a carnage on the Hutu population) in Burundi would spread the killing even further. Tensions have been growing since October in that country, where Burundi's first democratically- elected president, a Hutu, was killed in a failed coup. Events collapsed into a massacre afterwords, and over-streched U.N. forces were nowhere on the scene. Perhaps should the combined conflicts culminate into a war between the two countries, the U.N. would find it appropriate to reassert its mandate, on the basis of international disorder, in that part of Africa.Perhaps technical failures, such as the ones leading a U.S. helicopter to shoot down one of its own over Iraq, or the crash of an aged Sea King CAF helicopter near Saint John's, are a sign of what are principally material woes in fledging U.N. missions. In his presentation to a special joint parliamentary committee on defence policy in Ottawa, before this latest incident, last week, retired maj.-gen. Lewis Mackenzie, who served in the former-Yugoslavia, stressed "The army has been in Bosnia for over two years. Eight soldiers have been killed and over 80 have been injured. Yet the infantry are still operating 1960-vintage armored personnel carriers." He went on to say "we have a moral obligation to provide our troops with the best possible chance of survival when we send them abroad to do our dirty work." Meanwhile, recently returned from Bosnia where he helped lead the peace effort, Bertrand Ballarin denies that military capacity is putting strains on the process, but blames the "political chains of command" instead. Ballarin speaks of an ongoing dichotomy between on-field operations destined to relieve a population's suffering, and a political machine determined to find and end to the conflict, pointing out that many "neutral" countries are also contributing to forces determined to bully some of the parties into a settlement.Part of any explanation is certainly the U.N.'s tendency to put its interests ahead of that of the suffering parties it promises to relieve. How else may we explain that 90% of the $1.6 billion allocated for UNOSOM II (Somalia) supports the military operation only, and provides "essential" services: such as paying Western contractors to supply everything from beer to lobster to U.N. forces... Un triomphe à Lillehammer Il s'agissait sans aucun doute de nos meilleurs Jeux d'hiver. Mais ce n'était pas Los Angeles; il n'y avait pas de boycott, mais plutôt un nombre record de pays participants, étant donné les séparations politiques en ex-URSS, ex-Yougoslavie et ex-Tchéco- slovaquie. Une URSS unie aurait sans doute encore remporté les honneurs des 17èmes Jeux d'hiver: ajoutant ses 24 médailles, les trois du Kazakhstan, les deux de l'Ukraine et de Belarus, et celle de l'Uzbékistan. Mais ces Jeux appartenaient au pays hôte.De son côté, avec 13 médailles et le sixième rang, le Canada a presque doublé son total record de médailles précédent lors de ces Jeux. Seulement les compétitions des derniers jours de Lillehammer '94 ont laissé comme un vide parmi cette plénitude. On pourrait même parler d'une rivalité forcée avec les États-Unis, pays avec lequel nous sommes arrivés ex-quo au châpitre des médailles, si ce n'est que les Américains et Américaines (dont les plus illustres cas de Dan Jansen, Bonnie Blair et surtout, Nancy Kerrigan... qui balayaient les plus regrettables Brian Boitano, Tonya Harding et... Cathy Turner) ont récolté le double de médailles d'or. Les incidents des dernières journées de compétition établissaient une ligne de tension entre nos deux nations: L'exemple le plus notoire tant Cathy Turner, causant la chute et l'élimination de plusieurs patineuses de courte-piste, dont les favorites canadiennes, dans une conduite agressive et peu orthodoxe. Sur la glace du patinage artistique, le drame technique du patin récalcitrant de Harding aura également troublé la préparation de la présentation de Josée Chouinard (et également celle de la patineuse suivante, jusqu' à la deuxième présentation de Tonya), qui est tombée au 10ème rang. Finalement, la défaite in-extremis du Canada (finale de hockey) en deuxième série de tirs de pénalité, après qu'une punition douteuse, de l'arbitre américain, ait permi la Suède d'égaliser le pointage dans les dernières minutes du temps réglementaire, n'a pas aidé àrétablir la paix dans le voisinage. C'était bien heureux que les Américains, ayant la moitié du total des médailles de la Norvège (pays de 4 millions d'habitants), n'aient jamais véritablement participé àla course aux médailles. Ce qui n'a pas empêché CBS d'enregistrer des chiffres d'écoute record, et on sait trop bien pourquoi. "The greatest non-event of the Games", comme l'a baptisé un journaliste canadien, a renvoyé Harding dans l'anonymat, méritant une dérisoire place après toute la publicité d'un incident qui, l'impliquant (pour le moment) indirectement, aurait forcé le retrait volontaire de toute personne de bon sens. Pour sa part Kerrigan a sûrement mérité sa mdaille d'argent, une médaille dorée dans les coeurs, comme celle de nos chers hockeyeurs (malmenés même dans nos pages) Elle rappelle, par son courage et sa seconde place, les exploits d'une Silken Laumann également dorée. La plus belle performance du patinage, non moins un exploit de pareil courage, aura sans dout été celle de la victorieuse Oksana Bauil qui, seize ans, dédiait sa médaille d'or àses parents récemment défunts. Cette performance rappelait - dans des Jeux où les professionnels tentaient un retour, raté - la place spéciale réservée à l'amateurisme, ce que nos hockeyeurs "damnés pour une sixième place", par leur second rang (premier rang et demie), nous ont si justement rappelé. Aftermath of Boxing Day fire "A fire doesn't pay," sounded the legal opinion on the 5-alarm inferno which drove 12 families out of their homes on Boxing day, a month ago today. It came as an apology and an explanation as to why the process of getting insurance to respond took so long, and in the end, isn't expected to account for the real value of the lost goods. With adjusting assessments and the formal investigation fully under way, there are bound to be little surprises; the bottom line is expected to look like much of the bird's eye account of December 27th 1993: "Total loss". So in these last weeks, families have been scavenging through their own belongings, attempting to get back items, at times even large pieces of furniture, which the insurance would prove insufficient to cover. For Anne-Marie Couvrette, a Paris-based theatre student visiting for the holidays, immediate concerns involved recovering a passport and other travelling papers, before helping with the retrieval effort which managed to clear electrical equipment, clothing, but mostly books, from the press office level. The fire's devastating strength tore through the second-floor of the Durocher street triplex, but only after having totally annihilated the third floor of the building, in many instances caving into the level below. The strength of the winds on the night of December 26th also spread the flames to the third floor of the neighboring tri-plex, and so-on, horizontally, to a third, leaving a total of 12 families without homes. Most of the damage was caused by flooding, as the firefighters desperately attempted to neutralize the on-off inferno, and keep it from spreading to the entire neighborhood. Ensuing, if not immediate freezing, made the appartments involved, though not directly touched by the fire, mostly inhabitable. On the old NPU level, half the roof is missing on the entire floor, including the entire eastern press center, as the extremes of the entire level were torched by flames which however never made it further below. The ground floor may have been sooner accessible, it still suffered a tremendous amount of damage, just as the basement level. Once the main street was cleared of its fire trucks, utility vehicles and torn (frozen) fire hoses, it was quickly filled again, this time by the busy lineup of moving trucks, as the former residents hurried to salvage some of their belongings.They were right to do so: only days later came the first reports of break-ins and looting in some of the condemned appartments. Unaided by a challenging alteration of heavy snowfalls and extreme cold temperatures, Montreal area firefighters had to put up with a fair share of fires in the last month. One of these started as a priest, in an ill-fated effort at thriftiness, was attempting to cut lighting costs by making new candles out of melted wax; another by a bed-time smoker; and a third by a molotov-cocktail arsonist. The bottom line has been restless periods, and even fatalities: the blackboard of the Outremont fire department was recently asking the men in uniform to free a day to mourn the loss of one fireman who fell in the line of duty in Montreal-North. centold. Since the incident, N+ who have been closely following the developments and recovery have been sharing the experience in their own way. While some have heeded the lesson of the ordeal and sought extra fire and other insurance, many have been taking extra security measures to escape the fate of the press center: "I have a poor little heater which I have been using for many years," explains one downtown resident, "I've finally fixed its frail wire, and only operate it when I can see it and when I'm awake, never when I'm out." Another youngster explains "I don't even leave the humidifier on all day and night anymore. It's only a humidifier, but you never know." Some cases have taken precautions a step closer to paranoia: "After hearing the fire started in the walls (on durocher), we took extra precautions, and frequently check the wiring" explains another who lives in a dense N+ co-habitation complex downtown, "I even catch myself checking the walls from time to time." In a way, much of the ordeal's shock remains strong in the community, but while it is expected to come to pass soon enough, there are frequent reminders that at least one of the floors of the triplex where the incident started, was fully equipped for minor incidents, including fire alarms, an automatic 911 dialing system and fire extinguishers: "You like to think there's a plan, but when it strikes things happen quite faster than you expected it," says the NPU editor. He was absent during the first hour and a half of the carnage, but remembered clearly a public TV fire prevention program he had watched just days earlier. He also remembered writing weekly columns on fire prevention in the setting of a previous press center in 1988, and that a year later to the date, a fire broke out just outside the Athens center, causing more fear than harm, or damage.Residents have now finished digging out of the rubble and saving some goods from the ice of fire fighting water gushes. To their surprise, the intense cold has protected some goods, including electrical components, rather well, freezing them before they even got wet But the stench of the fumes remain, as does the bitterness of the exhausting experience. The former residents have gone well beyond realizing the extent of the devastation, and have moved on to temporary locations, where they will wait for the ice to melt, and for new drawings to take shape. Plans to rebuild have been approved on the basis that the owners will be able to recover a better share of their home's value.

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